L’EAU VIVE (Guy BEART)

 

Ma petite est comme l’eau,
Elle est comme l’eau vive
Elle court comme un ruisseau,
Que les enfants poursuivent ;
Courez, courez
Vite si vous le pouvez

Jamais, jamais
Vous ne la rattraperez.

Lorsque chantent les pipeaux,
Lorsque danse l’eau vive
Elle mène les troupeaux,
Au pays des olives
Venez, venez,
Mes chevreaux, mes agnelets
Dans le laurier,
Le thym et le serpolet

Un jour que, sous les roseaux,
Sommeillait mon eau vive
Vinrent les gars du hameau
Pour l’amener captive.
Fermez, fermez
Votre cage à double clé
Entre vos doigts,
L’eau vive s’envolera

 

Comme les petits bateaux,

Emportés par l’eau vive
Dans ses yeux les jouvenceaux

Voguent à la dérive.
Voguez, voguez
Demain vous accosterez
L’eau vive n’est
Pas encore à marier

Pourtant un matin nouveau
À l’aube, mon eau vive
Viendra battre son trousseau,
Aux cailloux de la rive
Pleurez, pleurez,
Si je demeure esseulé
Le ruisselet,
Au large, s’en est allé.

FIN